Élizabeth Monlouis
Cardiologue, Égyptologue, Femme et Mère
Biographie
Son expérience de médecin, d’égyptologue et de mère explique probablement sa lecture particulière des textes des pyramides. Etablie à Paris, Élizabeth s’inscrit dans les années 1990 à la Sorbonne où elle obtient un DEA d’Égyptologie auprès du Professeur Nicolas Grimal. Ce qui lui permet de rencontrer le Professeur Gérard Roquet à l’EPHE qui lui demande de travailler avec lui sur les Textes des Pyramides, intrigué par le nombre des termes médicaux que contenaient ces textes.
Ils travaillent ensemble sur les textes de la pyramide d’Ounas puis Élizabeth est amenée à traduire également les textes de la pyramide de Pépi Ier, deux textes d’un corpus jusque-là demeuré obscur. Ce faisceau d’indices lui permet finalement d’émettre les premières hypothèses à la base du présent travail.
De l’idée à la thèse (Histoire d’une découverte)
Première intuition
La fréquence des termes médicaux et la description de la position du Prince associées à certains déterminatifs contenus dans ce texte ont très vite attiré attention de l’auteur. L’association des deux domaines de connaissance médicale et égyptologique a permis de comprendre l’une des clés des Textes des Pyramides qui décrivent de façon étonnamment précise l’accouchement du Pharaon au sein de la pyramide. Le tombeau se transforme alors en « machine à éjecter » le roi vers le ciel. Elle a alors émis, il y a une dizaine d’années, une hypothèse nouvelle qui s’appuyait sur le fait que le Pharaon inhumé est toujours installé « sur son côté », qui est le côté (Ouest) d’Osiris, celui de l’occident, celui des nécropoles est aussi, si l’on s’oriente vers l’étoile Polaire, « le côté gauche », celui par lequel se présente le fœtus au début de l’accouchement.
Et c’est précisément cette remarque qui a tout déclenché.
A la préhistoire déjà les corps étaient enterrés en position fœtale, l’orientation dos à gauche étant toutefois inconstante. Ce fait laisse supposer que l’idée de rajeunissement et de passage vie mort renaissance était déjà présente.
Mais pourquoi le texte insiste-t-il autant sur la position du roi « dos à gauche » ? Ounas est dit « sur son côté » ou « sur le côté du dieu » 17 fois dans la pyramide d’Ounas.
Et si cette position du Pharaon s’expliquait par la recherche d’une position fœtale, se pourrait-il que son passage dans la pyramide soit la représentation métaphorique d’un accouchement ?
Et si la pyramide était elle-même une matrice ? S’agit-il d’un regressus in utero comme le suggère la position fœtale des corps dans les tombes ? Ou d’un accouchement décrit en détail ? Une lecture nouvelle des Textes commençait à se dessiner.
Renaissance in utero ou accouchement ?
Nous avons donc recherché d’autres éléments pouvant étayer cette hypothèse et nous sommes aperçu que la description de la position du roi était très particulière. Les textes décrivent le Prince replié sur lui-même, en position fœtale. Mais la momie est couchée dans son sarcophage, tête au Nord, à l’extrême gauche de l’axe d’éjection de la pyramide. Rappelons cette première constatation hors-texte : le sarcophage est constamment placé à gauche de l’axe d’éjection, dans toutes les pyramides inscrites connues jusqu’à présent. Si la rigidité mortuaire de la momie étendue dans son sarcophage, exclut toute progression lors d’un accouchement figuré, les textes vont plus loin car ils décrivent le roi en position fœtale que la momie rigide ne peut reproduire.
Nous avons parcouru les textes à la recherche d’une description cohérente pouvant confirmer notre hypothèse.
Dans la chambre, l’accouchement a commencé : Il est en position fœtale, au-dessus du col qui est encore « verrouillé » et hermétiquement fermé.
Le fait que le roi soit déjà décrit en présentation tête première permet de penser que nous sommes au début d’un processus d’accouchement et non d’un simple retour in utero, ce qui n’a jamais été évoqué par les chercheurs.
Vérification dans les textes
Le Pharaon est « dos à gauche, tête en bas, dans l’obscurité »
Nous avons voulu vérifier que le Pharaon était bien enveloppé dans une matrice close puisque le texte parle d’enfermement dans l’obscurité. Les textes qui décrivent la matrice, le sac amniotique et les éléments qui entourent le roi sont nombreux. D’autre part, le fait que la matrice revête de multiples formes et soit très présente dans la totalité du corpus, traduit l’importance de son rôle. Une autre remarque particulièrement intéressante est que la plupart des verbes employés sont des verbes de mouvement décrivant les actions du roi et celles des dieux.
Nous avons alors émis l’hypothèse que les textes décrivaient vraiment un accouchement, et non un regressus in utero, idée que nous avons vérifiée et qui permet de traduire la totalité des chapitres comme nous le proposons dans la traduction commentée des textes de la pyramide d’Ounas.
Le livre contenant l’ensemble de la thèse présentée dans ce site a été publié en 2017 aux éditions du Léopard d’or sous la référence
ISBN : 978-2863772577